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Hameau des Buis : une visite au coeur de l’Ardèche méridionale

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J’ai profité d’un séjour en Ardèche pour faire une visite du Hameau des Buis au Coeur de l’Ardèche méridionale.

Hameau des Buis, son histoire

C’est en 2006 que Sophie, fille de Pierre Rabhi monte un projet d’éco-village avec au centre une école au départ basée sur la pédagogie Montessori et maintenant devenue une école Démocratique.

Départ de la visite le 15 avril, il y a beaucoup de monde mais nous sommes accueillis avec le sourire, un programme nous est présenté.

J’ai choisi de faire la visite de l’Eco-village sous l’angle des habitations puis en seconde une visite de la partie économique du village, c’est à dire le maraîchage, la fromagerie ainsi que la boulangerie.

Françoise sera notre guide pour la journée, elle a une soixantaine d’années et répond en toute transparence à l’ensemble de nos questions. Une visite tout en contraste, dans le respect de l’espace et de ses habitants mais surtout avec beaucoup d’humour !

« On est fier de faire des fleurs avec de la merde… », nous dit en rigolant Françoise qui nous présente toute la gestion des toilettes sèches. Dans les toilettes publiques du hameau, les urines, engrais naturel azoté, vont dans la terre. Les excréments sont acheminés sur un tapis (à pédale !) dans un lombric composteur pour devenir un engrais pour la terre.

La construction, un sujet au coeur du projet du Hameau des Buis

C’est assis dans l’herbe qu’elle nous raconte l’origine de ce village, les contraintes tant administratives qu’architecturales.

L’idée de base était de construire un village dans le respect de l’écologie, intergénérationnel et bienveillant.

La question du respect de l’environnement dans la construction et dans le quotidien a demandé de penser l’espace, la gestion de l’énergie et des ressources de manières globales. Dans cette démarche pas de miracles, il faut faire appel à des professionnels.

L’architecte a eu du fil à retordre !!

Les habitants à la base du projet ont demandé :
– de ne couper aucun arbre
– d’avoir des maisons assez proches les unes des autres pour pouvoir favoriser les relations humaines
– d’avoir des maisons bioclimatiques: dans cette région de l’Ardèche, l’été est très aride mais l’hiver très rigoureux. Il était donc important de chauffer les maisons en hiver mais également des les rafraichir en été.

C’est avec génie et sens pratique que l’architecte a utilisé tous les éléments pour pouvoir répondre à ces critères exigeants.

Des verrières orientées vers le soleil pour apporter de la chaleur en hiver, mais placées judicieusement derrière un arbre. Ce dernier qui perd ses feuilles en hiver laisse passer la lumière  mais se remplume en été pour à l’inverse protéger la maison du soleil.
Une maison a été construite en demi-cercle autour d’un arbre pour ne pas le couper.

L’ensemble du hameau respecte le dénivelé du terrain et se retrouve avec des maisons en escalier sur la pente, ce qui permet qu’aucune maison ne phagocyte le soleil de celle qui se trouve derrière.

L’isolation pour les maisons mais pas isoler le Hameau des Buis de la région

« Ma maison n’est jamais descendue en dessous de 13° même quand je suis partie plusieurs jours en plein hiver », nous confirme Françoise.

Pour la construction écologique, ce qui nous parait tout à fait normal aujourd’hui ne l’était pas encore, il y a 10 ans !

Lors du démarrage du projet, les constructions en paille n’étaient pas homologuées en France. Les néo-habitants ont donc du gérer eux-même sle chantier et faire appel directement à tous les corps de métier.

Par exemple le 1er architecte qui avait gagné le concours pour la construction a refusé de construire avec la paille comme isolant.
Les habitants décident de prendre leur responsabilité !  Même si ce mode de construction n’était pas encore homologué. Ils se sont lancé à la recherche d’un nouvel architecte pionnier en la matière. C’est Pierre Henri Gomez qui a eu l’audace de croire en leur projet.

Déboires administratifs d’un projet un peu trop en avance sur son temps, c’est une aventure qui prendra près de 4 ans à se créer et voir ses premiers habitants.

Avec un résultat magnifique, tant sur le plan architectural que dans le quotidien des habitants.

Les habitants du hameau consomment 1/3 d’eau de moins que la moyenne française alors qu’ils ont une activité maraîchère professionnelle. Pourtant, ni la région ni le terrain n’ont pu faciliter cette entreprise.

L’Ardèche, c’est 300 jours de soleil par an mais le même niveau de pluie qu’en Bretagne !

C’est ce qui s’appelle les épisodes cévenoles, des grandes périodes de sécheresse mais quand il pleut c’est par grosses averses. Il est essentiel de pouvoir capter l’eau de ces averses pour pouvoir « l’épargner » pour le reste de l’année.

Un visiteur a demandé s’ils pouvaient pomper de l’eau du sol, d’une nappe phréatique.

« Non, répond catégoriquement Françoise, car nous sommes sur un castre. C’est à dire une plaie de calcaire et comme le hameau est à 200m d altitude, il devient impossible de forer pour aller chercher l’eau. »

Françoise a poursuivi notre visite avec la partie « économique » du hameau. C’est à dire les partis du hameau où des personnes travaillent.

Les chèvres de Martin du Hameau des Buis


C’est, Martin qui nous parle amoureusement de ses chèvres.
15 alpines qui passe 4 h à gambader le matin et se nourrissent en liberté.

2 traites par jour à la main. s’il vous plait !

Productions de picodon et de fromages avec de la sarriette.

2 fois par semaine, un enfant de l’école du hameau vient l’aider pour la fabrication des fromages.

Informations importantes que pour ma part je ne connaissais pas : les chèvres ont une lactation saisonnière. C’est à dire que si vous mangez du fromage de chèvre en hiver, c’est que la chèvre est élevée sous une lumière artificielle pour lui faire croire que c’est l’été toute l’année.

De la même manière que les fraises ne poussent pas en hiver dans notre hémisphère, la saison du fromage de chèvre, c’est de la fin du printemps jusqu’au début de l’automne.

Le jardin maraicher, une activité récente du Hameau de Buis

C’est la 4ème année que le hameau a entrepris une activité maraichère. Sous l’initiative d’un ex-woofer, Matthieu que nous n’aurons pas eu le plaisir de rencontrer.

Une serre de 200m2 pour faciliter la réussite des plantons et ainsi favoriser des échanges entre agriculteurs alentours. Françoise nous l’a répété plusieurs fois au long de l’après-midi, le but du village n’est pas de vivre en autarcie mais au contraire d’intégrer une dynamique régionale.

C’est dans le jardin, que nous découvrons le lac de récupération d’eau de pluie. L’eau est filtrée, je n’ai pas bien compris pourquoi, puis pompée pour irriguer le jardin.
Paillage, broyage pour faire du broyat pour fertiliser les semis.
Dans le potager, c’est esprit de permaculture avec paillage, broyage, purinage de végétaux…

« La permaculture n’est pas une méthode mais une approche pour se faciliter la vie et laisser le plus de place à la nature », nous dit Françoise.

Pour cela elle nous montre que le potager est entouré d’arbres divers pour faire barrières aux insectes indésirables et ainsi protéger les cultures.

L’apiculture, des abeilles par centaines au hameau

Françoise nous fait part de ses expériences, ou plutôt de sa passion pour l’apiculture.
Et là on pourrait l’écouter pendant des heures la Françoise…

Originaire de l’Ardèche mais plus au Nord, elle a ramené sa passion au hameau… Elle a emménagé avec ces propre ruches… mais en 2 ans elles sont toutes mortes… après analyse : trop de chaleur, pas assez de fleurs, trop de pesticides dus aux vignobles alentours, l’environnement est trop hostiles pour les besogneuses.

Françoise s’est donc aventurée dans la transhumance avec ses abeilles en les mettant une partie de l année au pied du plateau ardéchois.

Une anecdote de cette lumineuse femme: l’année dernière, prise part des obligations personnelles, elle a raté la période de retour de ses abeilles aux hameaux. Ces dernières ont donc passé tout l’été à leur place d’hivernage.
Heureux acte manqué car 80% des abeilles de la région du hameau sont mortes.

Les siennes ont survécu, elle a donc pu aller les chercher et aider à repeupler les ruches d’apiculteurs de la région.

La Boulangerie et le pain du Hameau des Buis

2 fournées par semaine, avec des pains au levain, de farines choisies avec soin de variétés anciennes de céréales.
Dans cette boulangerie, tenue par 5 passionnés de pain, non boulanger de formation, ont prend le temps. On laisse le temps à la pâte de lever. Minimum 6h par levée en opposition au pain fait en 1h dans une boulangerie conventionnelle.

Le gluten n’est plus un problème car on ne met pas une bombe atomique dans le pain pour le faire lever au plus vite pour plus de rendement, on laisse le temps au pain de lever dans le respect de ses ingrédients.

Résultat : un pain excellent, digeste et d’une plus longue durée de conservation.

En Suisse, il y a notamment Marc Haller qui travaille le pain de cette manière. A voir pour plus d’info :
Le pain de mon chemin

L’Ecole, la ferme aux enfants

Pour la partie de l’école, je n’ai pas fait la visite mais nous avons pu visiter l’espace où évoluent les élèves. Si vous passez par le hameau je vous recommande la visite avec la partie « scolaire ». Mon expérience personnelle, c’est à dire d’être la maman d’un enfant en situation de handicap moteur, c’est que ce type de pédagogie peut être innovatrice et peut être géniale mais reste fermée aux personnes en situation de handicap car complètement inadaptée aux personnes en fauteuil ou simplement présentant des difficultés motrices.

Je vous partage donc en toute transparence mon expérience de maman ayant un enfant « hors norme ». L’école qui accueille tout le monde, quels que soient les moyens financiers, quel que soit le handicap (même si c’est un énorme travail et qu’il y a encore beaucoup à faire), c’est l’école publique.

C’était une super après-midi, riche de découverte, qui nous remet dans la question: est ce que je pourrais vivre ici ?
J’ai adoré, c’est beau de voir le projet qui est partie d’une parcelle de cailloux.

Pour les visites du hameaux, il est important de respecter les journées portes ouvertes afin de respecter les habitants.

Voici les dates pour la visite du Hameau des Buis au coeur de l’Ardèche: ICI

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